Coordonné par Julien Longhi (Université de Cergy-Pontoise, IUF)
Le symposium « la linguistique appliquée aux corpus » faisait écho à la publication d’un numéro de la revue ELA (https://www.cairn.info/revue-ela-2017-4.htm) paru fin 2017: il rassemblait les différents auteurs, en incluant de nouvelles contributions. Les échanges ont été riches et denses, et ont notamment permis de présenter plusieurs contextes d’application de l’analyse de corpus: sécurité, radicalisation, traductologie, discours sensoriels (notamment en lien avec le vin), marketing, communication. La mise en valeur d’une linguistique située, du corpus comme terrain (Longhi 2018), et des gains théoriques à travailler sur des observables spécifiques parfois éloignés des corpus plus traditionnels/canoniques, a permis de donner à ce symposium une cohérence notable.
Ce symposium a été très intéressant sur le plan scientifique, car il a prouvé une fois de plus l’intérêt de la linguistique appliquée pour la recherche en linguistique (que ce soit en analyse du discours, pragmatique, sémantique, traductologie, etc.). A noter notamment la présence de « jeunes chercheur.e.s » dont la recherche a permis d’attester l’actualité de la problématique du symposium, et des évolutions possibles pour mener une recherche académique en prise avec des besoins concrets. Ainsi, par exemple, Valérie Rochaix s’intéressait au patrimoine culturel et au processus de patrimonialisation, qui concernent le linguiste en tant que construction discursive (Paveau, 2009) : Appréhendée comme « acte de langage » qui permet un ajustement du monde au mot (Searle, 1996), elle oppose, sur le terrain, acteurs institutionnels (politiques, économiques…), dotés d’un pouvoir performatif fort, et militants, acteurs faibles mais chaînons actifs du processus. L’analyse linguistique de leur discours sur la patrimonialisation, avec en arrière-plan la prise en compte d’enjeux historiques et sociaux, permet de mettre au jour (voire d’accompagner) les mécanismes sémantico-discursifs et pragmatico-discursifs (Galatanu, 2018) qu’ils mettent en oeuvre pour transfomer les représentations de leurs contemporains et ainsi sauver quelques objets matériels ou immatériels de la destruction. De son côté, Matthieu Bach (qui représentait l’équipe Gautier/Bach/Méric) proposait une étude des discours du sensoriel au prisme de l’approche foucaldienne et phénoménologique du discours, et du paradigme de la linguistique située. Deux études de cas soulignent la nécessité d’une approche holistique, située et usage based de ces discours. Enfin, Sandrine Graf, doctorante CIFRE, montrait que pour répondre à la demande sociale, il faut en amont un travail de traduction. Dans ses travaux sur les discours d’entreprise, cela prend la forme d’une analyse détaillée des métadiscours et du sentiment linguistique qui les sous-tend, puis mène à une ethnographie des pratiques professionnelles de la communication à l’origine des discours qui l’intéressent.
Sont également intervenu-e-s Nathalie Kübler sur « Traductologie de corpus et formation », Laura Ascone et Laurène Renaut sur « La radicalisation djihadiste sous le prisme de l’analyse du discours », et Julien Longhi (présentation du symposium et d’un cas d’étude sur l’attribution d’auteurs).