Coordonné par Caroline Masson (Université Sorbonne Nouvelle)
Tiphanie BERTIN*, Stéphanie CAET**, Emmanuelle CANUT**, Christine DA SILVA GENEST***, Ingrid GIBARU****, Magali HUSIANYCIA*****, Lucie MACCHI**, Caroline MASSON*, Cédric PATIN**
* Université Sorbonne Nouvelle – Paris 3 & EA 7345 CLESTHIA ** Université de Lille & UMR 8163 STL *** Université de Lorraine & EA 3450 Devah **** Centre hospitalier de Lens ***** AsFoReL & UMR 7118 ATILF
Le symposium avait pour objectif de présenter des démarches issues d’expériences de terrain dans lesquelles nous adoptons une double posture : celle de chercheurs qui élaborent et diffusent de nouvelles connaissances mais également qui accompagnent la modification des représentations et des pratiques langagières des professionnels.
Les communications se sont focalisées sur la notion de « postures langagières professionnelles » en s’interrogeant sur la transmission des résultats de la recherche et les implications pour la formation et la constitution d’outils d’expertise auprès de différents types de professionnels : personnels de structures d’accueil collectif du jeune enfant (crèche, halte-garderie), enseignants, formateurs auprès de jeunes migrants et d’adultes en situation d’illettrisme, orthophonistes. Chaque communication visait à rendre compte d’une facette différente de l’analyse des postures langagières et à montrer les effets d’une posture réflexive des professionnels sur leurs pratiques langagières pour l’accompagnement de l’apprentissage du langage, quels que soient le contexte et le type de public en face du professionnel.
Les questions de la salle ont porté sur :
La place de la multimodalité : dimension peu exploitée dans le projet avec les crèches (communication 1). Comment l’intégrer, la valoriser auprès des professionnelles ? Comment en rendre compte davantage dans nos analyses et nos formations ? Pour les communicantes, les professionnelles étaient assez peu attentives au non verbal (hormis avec les enfants de moins d’un an) et n’ont pas exprimé de demandes sur ces questions. En revanche, elles ont exprimé des besoins sur les façons d’augmenter les prises de parole verbales des enfants et la formation s’est donc orientée vers la façon d’amener l’enfant à produire du langage, plus spécifiquement un langage explicite et décontextualisé. Dans cette démarche, la formation insistait auprès des professionnelles sur la nécessité de mettre en œuvre, dans leurs pratiques langagières, des modalités d’interaction explicites et décontextualisées plutôt que de proposer aux enfants des éléments compréhensibles uniquement dans l’ici et maintenant (« c’est quoi ça ? »). Il y a aussi une réflexion à mener avec les professionnelles sur la différence entre langage et langue et donc à les amener à conscientiser leurs objectifs dans leurs échanges avec les enfants (ex. séances avec livres, puzzles, etc.).
L’implication des parents (dans le projet petite enfance) : C’était une demande de la part des structures. Les questions portaient sur les manières de parler du langage de l’enfant avec les parents sans paraître intrusif ou donner le sentiment de juger les pratiques langagières familiales. Cela renvoie aussi à la formation de ces professionnelles, davantage tournée vers le soin et l’hygiène du jeune enfant, qui ne s’estiment pas assez expertes sur le langage pour conseiller, guider ou soutenir les parents. Dans le cadre du projet, les chercheuses ont proposé des pistes de réflexion aux professionnelles en montrant des expériences menées ailleurs dans l’accompagnement des parents au sein de structures d’accueil collectif du jeune enfant. On peut aussi penser que le développement de connaissances et d’une posture réflexive sur le langage ont contribué à mieux communiquer avec les parents sur ces aspects.
La place de la dimension métalinguistique : Dans les formations à destination des enseignants, un travail est mené avec eux sur les représentations qu’ils ont de la langue et de l’enseignement de la langue. Le travail sur la langue est souvent confondu avec des exercices de grammaire plutôt qu’un travail sur le fonctionnement de la langue. Il s’agit donc de les conduire à travailler les compétences langagières des élèves en leur montrant la différence entre norme et usage, linguistique et grammaire, épilinguistique et métalinguistique.